Les rendez-vous de Philopop

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Les Rendez-vous de Philopop avec Didier Carsin

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Les Rendez-vous de Philopop avec Didier Carsin

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Les Rendez-vous de Philopop : Prométhée, de la technique à la politique

Les Rendez-vous de PHILOPOP, émission du 25 avril 2021

Prométhée, de la technique à la politique

Nous aborderons la lecture du mythe de Prométhée présenté par le sophiste Protagoras dans le dialogue éponyme de Platon. (édition Garnier/Flammarion, traduction de F. Ildefonse). Cette lecture nous permettra de réfléchir aux questions de la nature humaine, de la technique et de la politique.

Ce dialogue a été probablement rédigé vers 390 avant JC. C'est la 3ème version du mythe de Prométhée, après celle du poème Les Travaux et les jours d'Hésiode (entre le VIIIème siècle et le VIIème siècle avant JC), et après celle de la tragédie Le Prométhée enchaîné d'Eschyle (au début du Vème siècle avant JC).

1- Lecture du mythe de Prométhée dans le Protagoras de Platon

a- La distribution par Epiméthée des capacités qui doivent permettre aux animaux d'assurer leur conservation

b- L'étourderie d'Epiméthée  et le vol de Prométhée pour la réparer. Epiméthée a oublié de doter l'homme et il ne lui reste plus aucune capacité à distribuer. Son frère Prométhée « voit tous les vivants harmonieusement pourvus en tout, mais l'homme nu, sans chaussures, sans couverture, sans armes ». Le vol du savoir technique et du feu aux dieux Héphaïstos et Athéna par Prométhée permet aux hommes d'assurer leur conservation par l'invention des techniques

c- La technique ne suffit pas à assurer la conservation des hommes. Il leur faut aussi l'art politique, sinon ils risquent de périr sous les coups des bêtes sauvages et .par la violence des autres hommes

d- L'intervention de Zeus : son messager Hermès est chargé d'apporter aux hommes la vergogne et la justice, qualités morales qui permettent d'acquérir et d'exercer l'art politique. De quelle manière doit se faire le don de ces qualités ? Il y a deux solutions : ou les donner seulement à quelques uns comme c'est le cas de l'art médical, ou les donner à tous. Zeus choisit la 2ème solution, elle fonde la démocratie.

2- L'intérêt de cette lecture :

a- Une réflexion sur la politique : est-elle une affaire d'experts ou est-elle l'affaire de tous ? (l'opposition entre Protagoras et Platon) 

b- Une réflexion sur l'homme et la technique : l'homme est-il un animal démuni qui doit compenser sa vulnérabilité naturelle par la technique, ou est-il au contraire un animal avantageusement organisé par sa constitution physique ? (la réfutation de la thèse de Protagoras par Aristote, dans le traité Les Parties des animaux, l'exemple de la polyvalence de la main)

Lecture conseillée :

Le Protagoras de Platon, édition G/F

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Les Rendez-vous de Philopop : La Mémoire

Notre réflexion s'appuiera sur la lecture du dernier ouvrage de Paul Ricoeur, La Mémoire, l'histoire, l'oubli (Editions du Seuil, 2000).

Si la mémoire est, comme on la représente souvent, un magasin localisé dans le cerveau où sont inscrites les traces des impressions laissées en nous par les événements passés, comment ces traces peuvent-elles les représenter alors qu'ils ne sont plus ? Présenter des traces cérébrales comme des traces « mnésiques », ce n'est pas résoudre cette énigme, c'est la supposer déjà résolue. Une réflexion philosophique sur la mémoire doit au contraire s'y confronter.

1- La double énigme de la mémoire

a/ L'énigme de la représentation présente d'une chose absente
La métaphore de l'empreinte d'un sceau dans un bloc de cire, utilisée par Platon dans le Théétète, présuppose que le souvenir est comme l'image d'une chose qui a été gravée dans l'âme et laisse ainsi son empreinte

b/ L'énigme du rapport de l'image du souvenir à une expérience antérieure
« Chaque fois que l'on fait acte de mémoire parce qu'on a déjà vu, entendu ou appris telle chose, on perçoit que cela s'est produit antérieurement », Aristote dans De la mémoire et de la réminiscence, « Le souvenir est quelque chose qui tranche sur le présent, c'est ainsi que nous le reconnaissons comme souvenir », Bergson dans Matière et mémoire.

c/ L'examen de cette double énigme permet de distinguer deux types de défaillance de la mémoire : 1-elle prétend connaître le passé, or sa représentation peut être infidèle ; 2- elle prétend le retrouver, or l'impression qui en a été laissée peut s'effacer, et l'effort de remémoration peut échouer à l'atteindre

2- L'oubli est-il l'ennemi de la mémoire ?

a/ La mémoire comme lutte contre l'oubli, voir la préface d'Hérodote à ses Enquêtes
b/ Une mémoire parfaite serait un mémoire morte (voir la fiction de Borgès, Funès ou la mémoire) ; l'oubli est la condition de sa vitalité (on ne devrait pas parler d'une « mémoire » de l'ordinateur)
c/ Ses défaillances ne peuvent entamer notre confiance : elle est notre seul mode d'accès au passé (l'histoire ne peut s'en passer : elle présuppose le témoignage)
d/ Le « petit miracle de la reconnaissance » (Ricoeur) permet de donner une solution pratique à l'énigme que constitue la représentation présente d'une chose antérieure et absente : elle permet de présupposer rétrospectivement que l'image du passé (le souvenir) n'a pas disparu mais a survécu pour pouvoir être maintenant reconnue
e/ Cette analyse permet d'opposer deux figures de l'oubli : soit un oubli destructeur qui s'explique par l'effacement des traces, soit un oubli qui n'est qu'un empêchement provisoire et laisse espérer un recouvrement du passé

3- La survivance du souvenir : examen de la notion de « trace »

a/ Trace psychique (=le souvenir comme impression vécue) et trace cérébrale (voir les neurosciences)
b/ Le caractère problématique de la notion de « trace mnésique » : une trace matérielle peut-elle signifier un passé ?
c- La trace psychique (le souvenir) a par elle même le pouvoir de survivre (voir Matière et mémoire de Bergson) : la mémoire est ainsi le passé qui se conserve tout entier en moi ; elle n'est pas une faculté de conservation qu'il faudrait localiser dans le cerveau.
d- Dans cette perspective, l'oubli désigne le caractère inaperçu (inconscient) de la persévérance du souvenir, il met le passé en réserve (c'est un « oubli de réserve » , Ricoeur). Il faut distinguer deux formes de pathologie : la mémoire détruite (la maladie d'Alzheimer), et la mémoire blessée (l'exemple de l'hystérie, voir la 1ère leçon sur la psychanalyse de Freud)

Lectures conseillées :

La mémoire, l'histoire, l'oubli de Paul Ricoeur, Editions du Seuil 2000
Psychopathologie de la vie quotidienne et 1ère leçon sur la psychanalyse de Freud
Matière et mémoire de Bergson, chapitres 2 et 3
Funès ou la mémoire de Borgès

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Les Rendez-vous de Philopop : Réflexion sur les causes et les effets des conflits religieux

Réflexion sur les causes et les effets des conflits religieux

Confronté à la violence des guerres de religion qui opposent à son époque catholiques et protestants, Montaigne (1533-1592) abandonne toute perspective théologique axée sur la question des dogmes pour considérer seulement la religion dans ses effets pratiques. Plutôt que de chercher la vraie religion, il examine les effets de la religion sur le terrain politique.

1-La perspective traditionnelle sur la religion jusqu'à Montaigne : la justification de l’intolérance et de la persécution au nom de la vérité

-La contrainte est nécessaire et légitime pour remettre les croyants égarés (les «hérétiques ») dans le droit chemin (Saint-Augustin (354-430): « il y a une persécution juste »)

-Il faut distinguer deux sortes d'«infidèles», selon Thomas d'Aquin (1224-1274) : ceux qui n'ont jamais reçu la foi chrétienne (« Les Juifs et des païens»), et ceux qui l'ont reçue mais ont décidé de s'en écarter et s'obstinent dans l'erreur (les hérétiques). La tolérance à l'égard de ces derniers est une faiblesse coupable; elle est seulement requise dans le cas des premiers car ils sont moins dangereux (elle est alors une règle de prudence).

2- La tolérance religieuse comme politique pour établir la paix civile

a- Les deux sens du terme de tolérance:
• un sens premier, toujours présent, où tolérer, c’est accepter ce qui ne devrait pas être. C'est le sens utilisé par Montaigne : l'autorité politique tolère le culte protestant en promulguant un «édit de tolérance» ;
• un sens moderne, où tolérer, c’est consentir qu’au nom de la liberté, en principe reconnue à tous, d’autres hommes expriment des croyances ou des opinions avec lesquelles nous sommes en désaccord. Ce sens ne peut pas encore être conçu au XVI ème siècle.

b- La crise qui affecte l'Europe au XVI ème siècle avec le développement de la Réforme. Les circonstances de la rédaction de l'Essai sur la liberté de conscience , rédigé en 1578 (2 ans après la promulgation de l'édit de Beaulieu en 1576, 4 ans après les massacres de la Saint Barthélémy)

c- Lecture de l'Essai sur la liberté de conscience (II, 19)
• l'intolérance des Chrétiens qui commettent des «actes très condamnables»
• le portrait de l'empereur romain Julien surnommé «l'Apostat » par les Chrétiens: un modèle moral (les vertus exemplaires de Julien); l'accusation injuste d'apostasie à son égard alors qu'il était contraint de dissimuler sa religion païenne dans sa jeunesse; un modèle d'homme politique
• le modèle de Julien permet de formuler la question de l'efficacité politique de la tolérance religieuse

3- La véritable nature des conflits religieux

a- la distinction entre la foi («infusion extra-ordinaire» qui vient de Dieu, et n'est connue que par une minorité d'hommes exceptionnels incapables de nuire aux autres) et la croyance religieuse ordinaire (l'homme tient à Dieu par des moyens seulement humains; cette croyance repose sur le hasard et la coutume)

b- la majorité des chrétiens «se font croire» qu'ils croient; or ils n'ont pas la foi sinon ils la manifesteraient par leur conduite

c- les motivations passionnelles qui sont à la source des croyances religieuses

Conclusion: si l'on sait que les conflits religieux sont l'expression de conflits d'intérêts, d'ambitions sociales et politiques transférés au champ religieux, il est non seulement possible d'agir sur leurs effets mais aussi sur leurs causes.

Lectures conseillées:
Essai sur la liberté de conscience de Montaigne, Livre II chapitre 19, traduction Lanly dans la collection Quarto/Gallimard,
Le début de l'Apologie de Raymond Sebon, Livre II chapitre 12 des Essais
Sur la question de la Tolérance, vous pouvez écouter les séances enregistrées en 2015 (accompagnées de leur plan), accessibles sur le site de PHILOPOP:

PHILOPOP Le Havre (google.com)

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Les Rendez-vous de Philopop : Réfléchir sur la Colonisation

Les Rendez- vous de PHILOPOP, émission du 31 janvier 2021

Réfléchir sur la colonisation

A l'heure où il est question de regarder en face ce qu'a été la colonisation de l'Algérie par la France (1830-1962), la lecture de Tocqueville est instructive. Ses textes sur l'Algérie (1841 et 1847) jettent un éclairage exceptionnel sur le processus de la colonisation et permettent d'en comprendre la logique. Ainsi, comment Tocqueville peut-il soutenir l'entreprise coloniale en Algérie, alors qu'il a condamné l'expropriation des Indiens par les Blancs d'Amérique et fustigé l'esclavage des Noirs, à la fin du 1er tome de De la Démocratie en Amérique, paru en 1835 ?

1- La condamnation du traitement appliqué aux Indiens et aux Noirs par les Blancs d'Amérique (chapitre 10 du 1er tome de De la Démocratie en Amérique)

  • l'expropriation et l'extermination des Indiens (« On ne saurait détruire les hommes en respectant mieux les lois de l'humanité »)

  • comment l'abolition de l'esclavage des Noirs risque d'aboutir à la ségrégation

2- La justification de l'entreprise coloniale et la réflexion de Tocqueville sur les moyens de la réaliser (textes sur l'Algérie de 1841 et 1847)

a- La justification de l'entreprise coloniale au nom de la grandeur de la France

b- Une analyse « machiavélienne » des moyens de la mettre en œuvre :

  • la guerre de conquête et « ses nécessités fâcheuses »

  • « Dominer pour coloniser » : 1- ce que veulent dire « gouverner » et « coloniser » ; 2- la nécessité d'une « expropriation forcée » exercée une fois pour toutes au départ pour établir les fondements de la colonisation ; 3- attirer et fixer en Algérie une population européenne « afin d'y créer une colonie peuplée et florissante »

3- Comment Tocqueville envisage l'organisation juridique de la colonie et l'administration de la coexistence entre les colons européens et les « indigènes ».

a- Un séparatisme juridique, une double législation : « On ne peut traiter les sujets musulmans comme s'ils étaient nos concitoyens et nos égaux »

b- La lucidité de Tocqueville et ses craintes concernant l'avenir de la colonisation (« Nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable... » ; « Ce qu'on peut espérer, ce n'est pas de supprimer les sentiments hostiles que notre gouvernement inspire, c'est de les amortir »)

c- La solution d'une « communauté d'intérêts »

4- Quelles leçons tirer de la lecture des écrits de Tocqueville sur l'Algérie ?

a- La condition de l'Arabe d'Algérie : en partie comme l'Indien d'Amérique (exproprié), en partie comme le Noir d'Amérique (discriminé et au service de ce nouveau propriétaire qu'est le colon européen)

b- Tocqueville est-il incohérent ? Le divorce entre son nationalisme et son colonialisme (textes sur l'Algérie) et sa défense des principes humanistes universels

c- Sa philosophie de l'histoire (exprimée au début de De la Démocratie en Amérique) ne le conduit-elle pas à justifier la disparition de l'Indien d' Amérique et la soumission coloniale de l'Arabe d'Algérie (au nom de l'idée de civilisation) ?

Conclusion. A la fin de son rapport sur l'Algérie en 1847, Tocqueville formule une mise en garde qui apparaît prémonitoire : si la violence coloniale ne cesse pas, elle risque d'engendrer la guerre entre les colons européens et les « indigènes ». On sait ce qu'il advint, un siècle plus tard.

Lectures conseillées :

  • De la démocratie en Amérique, Tome 1, chapitre 10, de Tocqueville

  • Sur l'Algérie, Tocqueville, en G/F

  • Nous et les autres, chapitre « Tocqueville », de Tzvetan Todorov, collections Essais au Seuil

Sur la question du racisme, vous pouvez aussi écouter l'émission des Rendez-vous de PHILOPOP qui lui a été consacrée en juin 2020, et qui s'appuyait sur l'analyse de la condition des Noirs d'Amérique que fait Tocqueville à la fin du 1er tome de De la démocratie en Amérique, paru en 1835. Le lien : https://ouest-track.com/podcasts/les-rendez-vous-de-philopop-290/les-rendez-vous-de-philopop-le-racisme-comme-moyen-de-perpetuer-la-servitude-4248

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Les Rendez-vous de Philopop : Qui est barbare ?

Les Rendez-vous de PHILOPOP, émission du 27 décembre 2020
Qui est barbare ?


Qui sont les Indiens ? Des barbares qu'il est juste de soumettre, ou des hommes libres et égaux ? Cette interrogation fut au cœur de la controverse de Valladolid en 1550 : elle devait permettre de répondre à la question de savoir s'il était légitime ou non de leur faire la guerre avant de les convertir à la religion chrétienne.
Vingt ans plus tard, c'est la même interrogation que reprend Montaigne (1533-1592) dans ses Essais sur les Cannibales (I, 31) et sur les Coches (III, 6). Nous suivrons ici sa réflexion.
Ainsi, peut-on dire d'un homme ou d'un peuple qu'il est barbare ? Ce terme s'entend en deux sens différents :- soit il qualifie l'état d'un homme (ou d'un peuple) qui n'a reçu aucune éducation et n'est pas civilisé (barbare est ainsi synonyme de sauvage et s'oppose à civilisé), soit il désigne une conduite particulièrement cruelle (barbare est alors synonyme d'inhumain).
Y a-t-il un lien nécessaire entre ces deux sens : l'inhumanité (la barbarie au 2ème sens) résulte-t-elle de l'absence de civilisation (la barbarie au 1er sens) ? Pour les Européens qui prennent pied en Amérique au XVIème siècle, la réponse est évidente : le cannibalisme que pratiquent les Indiens est la preuve manifeste de leur barbarie (de leur état sauvage). Pour Montaigne au contraire, ce jugement est fondé sur l'ignorance du mode de vie des Indiens.

1- Par quel raisonnement conclut-on que les Indiens sont des barbares ?
(c'est celui que tient notamment le théologien Sepulveda lors de la controverse de Valladolid)

Selon la définition héritée d'Aristote, l'homme est un « animal rationnel ». Mais parce que la raison ne se réalise pas naturellement au même degré chez tous les hommes, il y a des hommes naturellement inférieurs à d'autres : c'est, pense-t-on, le cas des Indiens qui, contrairement aux Européens, n'ont pas assez de raison pour se gouverner eux-mêmes et tombent ainsi dans la bestialité. On conclut alors qu'ils sont des barbares. Montaigne va montrer qu'il s'agit là d'un préjugé ethnocentrique qui nie la culture des Indiens.

2- La « présomption » est la source du préjugé ethnocentrique comme elle est celle du préjugé anthropocentrique

La « présomption » conduit les hommes à juger comme inférieurs les êtres qui sont différents d'eux. En définissant l'humanité par la raison, on prétend d'abord que les hommes sont supérieurs aux bêtes (censées en être dépourvues), puis on juge inférieurs (barbares) les hommes censés n'en avoir pas assez (exemple : les Indiens cannibales). Aussi, pour vaincre cette présomption, la bonne méthode consistera à réduire d'abord la différence que l'homme s'imagine entre les bêtes et lui (destruction du préjugé anthropocentrique), avant de montrer l'extrême diversité qui sépare les hommes (destruction du préjugé ethnocentrique). Tout se concentre dans cette formule : « Il y a plus de distance de tel homme à tel homme qu'il y a de tel homme à telle bête » (cette réflexion est menée au début de l'Apologie de Raymond Sebond, II, 12)

3- La destruction du préjugé ethnocentrique : « Il y a une étonnante distance entre la manière d'être des Cannibales et la nôtre » 

a- La société des Tupinambas (Indiens du Brésil) ne ressemble à aucune de celles que nous connaissons, ni même à ce que les philosophes Platon et Aristote ont pu concevoir
b- Il faut distinguer les termes de « sauvage » et de « barbare » : 1- le sauvage est celui qui n'est pas corrompu par l'histoire : il ne doit plus être jugé en référence au civilisé, mais à l'inverse le civilisé (l'Européen) doit l'être en référence à lui ; 2- la notion de barbare revêt deux sens : un sens ethnocentrique (« chacun appelle barbarie ce qui n'est pas dans ses coutumes ») et un sens moral qui n'est attaché à aucune culture particulière (en ce sens, les cannibales sont barbares, mais sur ce terrain, « Nous les surpassons en toute sorte de barbarie », voir les guerres de religion en Europe)
c- La singularité du mode de vie des Tupinambas est étrangère à la définition de l'homme comme animal rationnel et politique : 1- leur nation est commandée par les seules « lois naturelles », ils n'ont donc pas besoin de la parole (de la raison) pour échanger et organiser leur société ; 2- ils affirment leur humanité par la guerre (une guerre fondée sur la recherche de l'honneur, et non sur la cupidité)

4- Le préjugé ethnocentrique comme obstacle à la connaissance de sa propre culture
Les « trois choses étranges » révélées par le regard des Indiens venus à Rouen sur les mœurs du royaume de France (fin de l'Essai sur les Cannibales)

Conclusion : comment parler du genre humain sans tomber dans le préjugé ethnocentrique ?
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