Les rendez-vous de Philopop

Les rendez-vous de Philopop

Les Rendez-vous de Philopop avec Didier Carsin

Ouest Track Radio

Les Rendez-vous de Philopop avec Didier Carsin

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Les Rendez-vous de Philopop : La Laïcité

Les Rendez-vous de PHILOPOP, émission du 29 novembre 2020

Laïcité

La laïcité, principe juridique qui garantit la liberté de conscience, est souvent mal comprise et donne lieu à des confusions : elle est confondue avec une doctrine ou elle est encore assimilée à une valeur à laquelle il faudrait adhérer.

Une clarification s'avère nécessaire

1- Pourquoi ce principe s'avère-t-il nécessaire ?

a- La confusion des domaines religieux et politique, la collusion des Eglises et de l'Etat, conduisent à la négation de la liberté de conscience

  • la transformation d'une religion en instrument d'oppression : l'exemple historique du christianisme (L'Eglise, gardienne du dogme, et reconnue comme Eglise officielle)

  • les conséquences de cette transformation : injustices, violences, persécutions

  • le « cléricalisme » comme perversion de la religion (analyse de Kant dans La religion dans les limites de la simple raison, 1793)

b- Les différentes modalités de la confusion des domaines religieux et politique (théocraties, Etats confessionnels, liens concordataires entre l'Etat et les Eglises)

2- Séparer les domaines religieux et politique pour mettre fin à l'oppression et garantir la liberté de conscience

a- La solution fragile et inégalitaire du principe de tolérance civile

b- Le principe de laïcité de l'Etat garantit la liberté de conscience et l'égalité de traitement des convictions par la séparation juridique du domaine public (régi par la loi commune) et la sphère privée qui relève de la liberté de conscience (pour éclairer cette séparation, l'analyse de Spinoza est précieuse, voir le chapitre XX du Traité théologico-politique, 1670)

c- l'examen des deux premiers articles de la loi du 9 décembre 1905, loi dite « de séparation » entre les Eglises et l'Etat

3- Examen de la question du « blasphème » à la lumière du principe de laïcité

a- c'est une notion relative à une religion

b- le « délit de blasphème » revient à ériger une conviction particulière en une loi qui s'impose à tous

c- le respect de la liberté de conscience n'implique pas le respect des croyances et des conviction (la distinction des personnes et des convictions)

d- en tant que principe qui garantit la liberté de conscience, la laïcité n'est pas une valeur sacrée à laquelle il faudrait adhérer (elle s'explique, elle n'est pas l'objet d'un culte)

Quelques lectures conseillées :

  • La préface et le chapitre XX du Traité théologico-politique de Spinoza (1670)

  • La Religion dans les limites de la simple raison de Kant (1793)

  • La laïcité, textes choisis et présentés par H. Pena-Ruiz, collection Corpus, GF- Flammarion

Vous pouvez aussi trouver les liens des enregistrements et des plans de 8 conférences sur le sujet voisin de la tolérance sur le site de PHILOPOP (accessibles à tous) :

https://sites.google.com/site/philopoplh/home/accs-aux-enregistrements

ERRATUM:
1- La formule de Victor Hugo dans le discours qu'il a prononcé à l'Assemblée nationale contre la loi Falloux en 1850 est exactement la suivante: "L'Eglise chez elle et l'Etat chez lui". Un malheureux lapsus au cours de l'émission l'a déformée.
2- C'est bien en 1633 (et non en 1663) que Galilée, condamné pour hérésie à cause de ses travaux, doit abjurer "ses erreurs"

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Les Rendez-vous de Philopop : Qu'est- ce que le peuple ?

Les Rendez-vous de PHILOPOP, émission du 25 octobre 2020

Hommage à Samuel PATY, collègue d'histoire sauvagement assassiné parce qu'il enseignait

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Qu'est- ce que le peuple ?

1- Une notion ambigüe

  • Un sens politique (communauté de citoyens, « populus ») et un sens social (le bas-peuple, la plèbe, « plebs » ou « vulgus »)

  • Y a-t-il une volonté du peuple ? Le peuple existe-t-il comme sujet collectif ?

  • Deux visions opposées du peuple : Michelet (Histoire de la Révolution française, 1847) et Flaubert (Education sentimentale, 1869) ; le peuple a-t-il une existence politique ou n'est-il qu'un mythe ?

2- La plèbe est-elle un danger pour le peuple ?

  • L'ambiguïté du mot nous contraint à réfléchir à l'articulation des deux sens

  • La notion de peuple a en réalité trois sens : juridique, ethnique, social (Anthropologie d'un point de vue pragmatique, 2ème partie, de Kant, 1797) . La plèbe (3ème sens) apparaît comme un danger pour le peuple (1er sens) car elle risque de devenir séditieuse

  • Ainsi, pour Platon (La République), le peuple (populus) ne peut pas exister ; il n'est que le plus grand nombre incapable de se gouverner (ignorance et irrationalité) qui devient dangereux en se rassemblant sous l'influence de démagogues; seuls les « meilleurs » (l'élite des philosophes-rois) doivent gouverner

3- Le peuple (le « populus ») ne peut se concevoir qu'à partir de la plèbe

  • « Peuple » est un nom péjoratif au XVIIIème siècle qui, jusqu'à la Révolution française, a un sens exclusivement social ; il désigne le bas-peuple (plèbe)

  • La critique de cette représentation péjorative par l'abbé Coyer (Dissertation sur la nature du peuple, 1755) : « Le peuple (sens social) est composé d'hommes »

  • Rousseau (Emile, 1762) va plus loin : « C'est le peuple qui compose le genre humain ; ce qui n'est pas le peuple est si peu de chose que ce n'est pas la peine de le compter ». Seuls les gens du peuple sont capables de sentir et d'identifier ce qui est humain. Chez eux l'amour-propre n'étouffe pas la pitié, contrairement aux « gens du monde » qui sont aveuglés par « la fureur de se distinguer »

  • Conclusion : Le peuple (politique, qui suppose l'égalité des hommes) ne peut se concevoir qu'à partir de la plèbe (le peuple social)

Bibliographie :

Histoire de la Révolution française 1ère partie, de Michelet, à propos de la prise de la Bastille le 14 juillet 1789

Education sentimentale de Flaubert, à propos des journées de février 1848

Dissertation sur la nature humaine de l'abbé Coyer

Emile de Rousseau

La nature du peuple, par Deborah Cohen (éditeur, Champ Vallon)

Les voies du peuple, par Gérard Bras (éditions Amsterdam)

Film conseillé : Un peuple et son roi,réalisé et écrit par Pierre Schoeller, sorti en 2018 (extrait donné lors de la 2ème pause)

Site de l'association PHILOPOP : https://sites.google.com/site/philopoplh/

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Les Rendez-vous de Philopop - Qui a fabriqué le virus ? Réflexion sur les « théories » du complot

Les Rendez-vous de PHILOPOP, émission du 27 septembre 2020

Qui a fabriqué le virus ? Réflexion sur les « théories » du complot

Le coronavirus n'aurait pas été transmis à l'homme par le pangolin ou la chauve-souris, comme on le croit, il aurait été en réalité fabriqué dans des laboratoires, sous les ordres du gouvernement chinois ou à l'initiative de grandes firmes pharmaceutiques occidentales...  Il y aurait donc un complot !

En prétendant dévoiler ainsi la véritable cause d'une épidémie (un complot) et identifier ses vrais responsables, les « théories » du complot séduisent un nombre important d'internautes.

Parler de « complotisme », c'est au contraire considérer qu'il ne s'agit là que de croyances renvoyant à un complot imaginaire. Pourquoi est-il légitime de dénoncer les « théories » du complot ?

1- Pour comprendre cette dénonciation, il faut examiner d'abord la nature de ces « théories », leur mode de raisonnement, leurs ressorts affectifs (ce sont des croyances superstitieuses pour lesquelles il ne saurait y avoir de hasard), et voir enfin leurs conséquences nocives.

2- Cette analyse peut être illustrée par l'exemple du mythe de la « conspiration juive mondiale » qui fut au centre de la propagande nazie, et contribua à la mise en œuvre d'un génocide (la lecture du 3ème tome des Origines du totalitarisme (1951) de Hannah Arendt, qu'elle consacre à l'étude du « système totalitaire », sera ici très utile)

3- Si les « théories » du complot ne sont pas toutes aussi dangereuses, leur développement et leur diffusion (par internet surtout) dénotent aujourd'hui une défiance radicale à l'égard de tout énoncé émanant des autorités, quelles qu'elles soient, parmi lesquelles l'autorité dévolue aux sciences. Comment lutter dès lors contre ces « théories » ? Comment éviter leur pouvoir de nuisance ?

  • On répond généralement par la formation de l' « esprit critique ». Mais il faut préciser ce qu'on entend par là, et comprendre que celui-ci n'est rien sans un apprentissage méthodique de la réflexion

  • Il est nécessaire de prendre conscience des mécanismes de concurrence engendrés par internet entre la connaissance et la croyance, défavorables à la première (comme le montre le sociologue Gérald Bronner dans La démocratie des crédules)

4- L'accusation de complotisme est-elle enfin toujours fondée ? Ne peut-il pas y avoir un abus de cette accusation ?

Conseils de lecture :

Préface du Traité théologico-politique de Spinoza

Le Système totalitaire, 3ème tome des Origines du totalitarisme de Hannah Arendt

Court traité de complotologie de Pierre-André Taguieff (collection Mille et une nuits, chez Fayard)

La démocratie des crédules de Gérald Bronner aux Presses Universitaires de France

Les séances de PHILOPOP commencent le 29 septembre au lycée Claude Monet du Havre. La prochaine séance sera le 13 octobre. Pour toute information, consulter le site de PHILOPOP :

https://sites.google.com/site/philopoplh/

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Philopop : La rentrée 2020-2021

Les Rendez-vous de PHILOPOP :

présentation des activités de PHILOPOP 2020-2021

Il nous est encore impossible, à cette heure, d'indiquer la date de la première séance de PHILOPOP au lycée Claude Monet du Havre, et de vous présenter un calendrier sûr de ses activités, étant donné la crise du coronavirus. N'hésitez pas à consulter le site internet de l'association :(https://sites.google.com/site/philopoplh/), sur lequel nous ne manquerons pas de vous informer. Quoi qu'il en soit, l'association vous présente ici le la programme de la saison 2020-2021, et continuera par ailleurs son émission mensuelle des Rendez vous de Philopop sur Ouest Track.

1- PHILOPOP, une association ouverte à tous

  • Quelques précisions d'ordre pratique  :

voir sur le site de PHILOPOP (https://sites.google.com/site/philopoplh/) le barème des cotisations, le calendrier adopté, le rythme des séances (en moyenne 2 fois par mois un mardi ou un jeudi de septembre à début juin hors vacances scolaire), le lieu et l'horaire  (au Lycée Claude Monet du Havre, salle audio, de 20H30 à 22H30)

  • Les questions philosophiques  : des questions que tout homme peut être amené à se poser au cours de son existence (exemples de la justice et de la vérité)

  • L'ambition de PHILOPOP : permettre à tous ceux qui le souhaitent d'accéder à un questionnement philosophique en offrant les conditions d'un travail suivi

2- La formule d'un cours progressif (suivi d'une discussion)

  • Il ne consiste pas dans un exposé de connaissances et ne présente pas la pensée des philosophes comme une opinion savante

  • Il montre comment l'examen d'une notion (la justice, la vérité, le peuple, la mémoire...) conduit à formuler un ou des problèmes qui s'imposent nécessairement. La lecture des philosophes n'a pas d'autre intérêt que d'éclairer la réflexion, et de l'aider à aborder ces problèmes.

3- Le programme de la saison 2020-2021

  • Les séances sont accompagnées d'un plan et enregistrées. L'enregistrement est accessible aux adhérents

  • Le thème  : La mémoire

  • L'oeuvre  : Les Essais de Montaigne, édition Folio recommandée, en trois tomes

L'émission des Rendez vous de Philopop de ce dimanche 30 août 2020 n'a d'autre but que de vous expliquer la démarche de l'association (Philopop, association populaire de philosophie du Havre, créée en 2007) et de vous présenter brièvement le programme de la saison 2020-2021.

Site internet de PHILOPOP: https://sites.google.com/site/philopoplh/

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Les rendez-vous de Philopop : Le racisme comme moyen de perpétuer la servitude

Les Rendez-vous de PHILOPOP

Le racisme comme moyen de perpétuer la servitude

«  Le souvenir de l'esclavage déshonore la race, et la race perpétue le souvenir de l'esclavage  » (Alexis de Tocqueville, 1805- 1859)

Réfléchir sur le meurtre raciste de George Floyd à la lumière des analyses de Tocqueville dans le 1er tome de De la démocratie en Amérique (1835, chapitre 10  : «  Quelques considérations sur l'état actuel et l'avenir probable des trois races qui habitent le territoire des Etats-Unis  »)

Etapes de la réflexion  :

1- L'anomalie de l'esclavage des Noirs au cœur d'une nation démocratique

  • Le projet de Tocqueville dans De la démocratie en Amérique : l'  «  égalité des conditions  » comme moteur des sociétés modernes («  J'avoue que dans l'Amérique j'ai vu plus que l'Amérique  »)

  • Indiens, Noirs et Blancs (le chapitre 10 du Tome I)

2- La condition d'esclaves des Noirs d'Amérique

  • L'esclavage des Noirs d'Amérique comme vestige anachronique d'une société aristocratique au cœur de la démocratie

  • Une aristocratie fondée sur la couleur de peau qui pérennise le statut d'infériorité des anciens esclaves par delà toute forme d'émancipation légale

3- «  Les effets de la tyrannie  » des Blancs sur les Noirs

  • L'esclavage engendre l'avilissement et des Noirs ;

  • Le préjugé raciste inverse la cause (l'esclavage) et l'effet (l'avilissement)

  • Les effets dégradants de l'esclavage des Noirs sur les Blancs eux-mêmes

4-L'abolition de l'esclavage des Noirs risque de conduire à l'affrontement entre les Blancs et les Noirs  :

  • L'incompatibilité de l'esclavage avec la société démocratique  : il est économiquement appelé à disparaître

  • Le processus d'égalisation des conditions a pour effet d'exacerber le racisme  : de l'abolition de l'esclavage à la ségrégation raciale

Conclusion  : Quel avenir pour la nation américaine  ? «... il n'y a plus que deux chances dans l'avenir  : il faut que les Nègres* et les Blancs se confondent ou se séparent  »

L'horizon esquissé par Tocqueville est-il indépassable  ?

  • «  Nègre  »  : terme devenu aujourd'hui péjoratif pour désigner l'homme noir et réhabilité par L. Senghor et A. Césaire

  • Quelques repères historiques  :

- 4 juillet 1776  : Déclaration d'indépendance des Etats-Unis d'Amérique

- 17 septembre 1787  : Constitution des Etats-Unis d'Amérique

- 1861- 1865  : guerre de Sécession

- 18 décembre 1865  : le 13ème amendement à la Constitution des Etats-Unis d'Amérique abolit l'esclavage

- entre 1876 et 1965 sont établies les lois Jim Crow qui organisent la ségrégation raciale dans un certain nombre d' Etats du sud, et seront abolies en 1964