Les rendez-vous de Philopop

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Les Rendez-vous de Philopop avec Didier Carsin

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Les Rendez-vous de Philopop avec Didier Carsin

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Les Rendez-vous de PHILOPOP - L'histoire se répète deux fois, comme tragédie et comme farce

Les Rendez-vous de PHILOPOP
"L'histoire se répète deux fois, comme tragédie et comme farce"

Cette formule est la citation simplifiée du propos par lequel K Marx commence le 1er chapitre de son ouvrage consacré au coup d'Etat perpétré par L. N. Bonaparte, le 2 décembre 1851, "Le 18 brumaire de Louis Bonaparte" (écrit en 1852). Son projet est de "démontrer comment la lutte des classes en France créa des circonstances et des conditions qui rendirent possible qu'un personnage médiocre et grotesque joue le rôle de héros" (Avant-propos). 

Il s'agit ainsi de comprendre comment L. N. Bonaparte, le futur Napoléon III, réussit son coup d'Etat en imitant celui de son oncle, Napoléon 1er, qui eut lieu le 18 brumaire an VIII (soit le 9 novembre 1799 selon le calendrier romain repris par les révolutionnaires de 1789), bénéficiant ainsi de l'image glorieuse du 1er Empire. 

1- Les exigences de la démonstration
a- "Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de leur plein gré, dans des circonstances librement choisies; celles-ci, ils les trouvent au contraire toutes faites, données, héritage du passé". Il faut cerner d'abord les circonstances et les conditions qui rendent possible le coup d'Etat pour dégager ensuite la part d'initiative qui revient aux acteurs historiques. 

b- Il est nécessaire d'articuler en conséquence le récit des événements qui vont de février 1848 à décembre 1851 (et sont en large partie le produit de décisions qui n'ont rien d'inéluctable), à l'analyse des conditions historiques qui encadrent et déterminent les choix humains.

2- Les acquis de la théorie générale de l'histoire esquissée par Marx (notamment dans le Manifeste communiste de 1848)
a- Le rôle moteur de la "lutte des classes" (concept emprunté à François Guizot, historien et homme politique libéral)

b- Il y a "crise révolutionnaire" quand le développement des "forces productives" entre en contradiction avec les "rapports sociaux de production". Voir l'exemple de la révolution de 1789 qui permet d'instaurer "la société bourgeoise moderne"

c- La théorie générale de l'histoire permet de comprendre comment les luttes politiques expriment des intérêts de classe, pourquoi elles ont pour enjeu la conquête de l'Etat comme instrument de domination, mais ne permet ni de prévoir les actions humaines, ni de rendre compte du contenu particulier que prennent les luttes politiques à tel ou tel moment. Le récit est ici indispensable.

3- Le récit des événements de février 1848 à décembre 1851
a- Les journées de février 1848, l'alliance initiale du prolétariat avec la bourgeoisie, la formation d'un gouvernement provisoire et la création des "Ateliers nationaux"

b- L'élection de l'Assemblée constituante au suffrage universel (avril), la proclamation de la République (mai), la dissolution des Ateliers nationaux, l'insurrection ouvrière de juin 1848 et sa répression sanglante menée par le général républicain Cavaignac

c- L'élection de L. N. Bonaparte au suffrage universel comme Président de la République (10 décembre 1848), l'a séparation de l'Assemblée constituante, l'élection de l'Assemblée nationale législative (1849)

d- La dictature du "parti de l'ordre" sous couvert de représentation parlementaire. La lutte pour la conquête de l'appareil de l'Etat entre Bonaparte et le parti de l'ordre, le coup d'Etat du 2 décembre 1851 (ratifié par un plébiscite le 20 décembre)

4- Une analyse du conditionnement idéologique hérité du passé
a- L'analyse matérialiste de Marx: "Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience". L'exemple des illusions idéologiques des monarchistes coalisés dans le "parti de l'ordre"

b- L'influence des représentations idéologiques du passé. Quelle différence dans la répétition du passé entre les révolutionnaires de 1789 et ceux de 1848?

c- Pourquoi la farce du coup d'Etat de L.N. Bonaparte a-t-elle réussi? (la nostalgie de l'Empire dans la paysannerie)

Bibliographie: Le 18 brumaire de Louis Bonaparte de K. Marx en G/F

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Les Rendez-vous de Philopop - Présentation de la saison 2024-2025

Présentation des activités de PHILOPOP (association populaire de philosophie du Havre) et du programme de la saison 2024-2025

1-PHILOPOP, une association ouverte à tous 


Quelques précisionsd'ordre pratique :

voir sur le site de PHILOPOP (
https://sites.google.com/site/philopoplh/) le barème des cotisations, le calendrier adopté, le rythme des séances (en moyenne 2 fois par mois un mardi ou un jeudi de septembre à juin hors vacances scolaire), le lieu et l'horaire (au Lycée Claude Monet du Havre, salle audio, de 20H30 à 22H30)

Les questions philosophiques: des questions que tout homme peut être amené à se poser au cours de son existence (exemple de la vérité)


L'ambition de PHILOPOP : permettre à tous ceux qui le souhaitent d'accéder à un questionnement philosophique en offrant les conditions d'un travail suivi 


2-Les séances au lycée Claude Monet: la formule d'un cours progressif (suivi d'une discussion)


Il ne consiste pas dans un exposé de connaissances et ne présente pas la pensée des philosophes comme une opinion savante


Il montre comment l'examen d'une notion (la justice, la vérité, le peuple, le temps...) conduit à formuler un ou des problèmes qui s'imposent nécessairement. La lecture des philosophes n'a pas d'autre intérêt que d'éclairer la réflexion, et de l'aider à aborder ces problèmes.


3-Le programme de la saison 2024-2025


Les séances sont accompagnées d'un plan et enregistrées.
L'enregistrement est accessible aux adhérents


Le thème :La Liberté.


L'oeuvre :L' Esprit des LoisdeMontesquieu (1748), collection Folio ou G/F


Les 5 premières séancesMardi 24 septembre, Jeudi 3 octobre, Mardi 15 octobre, Jeudi 7 novembre, Mardi 19 novembre (voir le calendrier sur le site de PHILOPOP)


4
-L'émission mensuelle des Rendez vous de PHILOPOP sur Ouest track radio (podcastée et accompagnée d'un plan)


Montrer comment la lecture d'une oeuvre philosophique permet d'éclairer une question d'actualité et d'y réfléchir

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Les Rendez-vous de Philopop - Le Temps

Les Rendez-vous de PHILOPOP, émission du 16 juin 2024

Le Temps

Que le temps passe, c'est là un fait aussi évident que mystérieux qui est l'objet de la réflexion du philosophe H. Bergson (1859- 1941) tout au long de son oeuvre. En quoi consiste ce passage? Pour le comprendre, nous lirons surtout le 2ème chapitre de son 1er grand ouvrage, Les données immédiates de la conscience (1889).

Mais pour être en mesure de le saisir,  il faut d'abord se libérer de la représentation spatialisante que nous en procure notre intelligence, et comprendre pourquoi elle a besoin de nier sa réalité pour connaitre et expliquer les choses. 

1- La critique de la spatialisation du temps

a- La transformation du temps réel (la durée) en espace

b- L'intelligence a besoin d'immobilité

2- Comment accéder au temps réel (la durée)?

a- Il y a deux conceptions possibles de la durée: l'une "pure de tout mélange", l'autre "où intervient subrepticement l'idée d'espace"

b- L'exemple des sons successifs d'une cloche: "ou bien je me propose explicitement de les compter" (compter, c'est dissocier et spatialiser), ou bien, "je me borne à recueillir l'impression pour ainsi dire qualitative que leur nombre fait sur moi"

3- Les caractères de la durée pure

a- Elle est "la forme que prend la succession de nos états de conscience quand notre moi se laisse vivre et s'abstient d'établir une séparation entre l'état présent et les états antérieurs"

b- L'activité de la mémoire constitue la durée en fondant les états de conscience les uns dans les autres et en les organisant en un tout indivisible (voir l'exemple d'une mélodie)

c- La durée est une activité de synthèse par laquelle le passé est perpétuellement conservé et intégré dans le présent. Il n'y a pas de temps universel qui soit le même tous et qui constitue le cadre des expériences, si ce n'est par convention, pour les commodités de la vie sociale, mais il y a une pluralité de durées individuelles dont le rythme peut varier.

4- Qu'en est-il de notre identité personnelle (de notre "moi")? 

a- La durée constitue notre moi; “le temps est l'étoffe de notre être” (Evolution créatrice, chapitre 1)

- Si notre passé se conserve tout entier en nous, la mémoire ne peut pas être une faculté qui conserve et classe des souvenirs

- C'est la continuité de la durée qui permet de comprendre que nous soyons libres et puissions faire surgir de la nouveauté imprévisible (l'idée d'une "création de soi")

5- Le temps n'existe-t-il que pour les êtres conscients? 

- De l'expérience de la durée intérieure à l'affirmation de "l'élan vital" (Evolution créatrice, 1907)

- L'"intuition de la durée" 


Bibliographie:

Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), chapitre 2.

Evolution créatrice (1907), chapitre 1

La Pensée et le Mouvant (1934)

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Les Rendez-vous de Philopop - Qu'est ce que le pessimisme?

Les Rendez-vous de PHILOPOP- émission du 21 avril 2024

                             Qu'est-ce que le pessimisme ?

Une lecture du Monde comme Volonté et comme Représentation de Schopenhauer (1819)

Le pessimisme est ordinairement considéré comme la disposition d'esprit d'un homme qui voit tout en noir. S'agit-il seulement d'une vision de l'existence purement subjective qui est affaire d'humeur ou de tempérament ? Ou peut-on en donner des raisons objectives, comme le prétend Schopenhauer ? Cette émission vise à présenter sa démarche et à expliquer en quoi sa philosophie est un pessimisme.

1- Le pessimisme réfute toute vision théologique du monde qui conduit à réduire le mal à une apparence ou à un moyen de promouvoir le bien 

a- C'est la rencontre du mal qui suscite l'interrogation philosophique, mais souvent les philosophes ont préféré relativiser son existence, en visant sa justification (optimisme métaphysique de Leibniz; philosophie de l'histoire de Hegel)

b- La réfutation de l'optimisme de Leibniz (le monde "est le meilleur des mondes possibles"), doctrine illusoire reposant sur un théisme (affirmation d'un Dieu bon auteur du monde) et faisant un usage illégitime du principe de causalité (Dieu est considéré comme la cause première)

c- L'argumentation du pessimisme opposée à l'optimisme: en quel sens Schopenhauer établit que le monde "est le pire des mondes possibles"

2- L'élucidation de l'origine du mal (de la souffrance): le "Vouloir" comme puissance universelle et aveugle constitutive de toute chose, la souffrance étant ainsi " le fond de toute vie"

a- Le désir humain, manifestation de sa force aveugle qui s'éprouve comme "une soif inextinguible" qu'aucun objet désiré ne saurait combler

b- Si désirer, c'est souffrir d'un manque, le plaisir n'en est que la délivrance passagère. Le bonheur "n'est rien que de négatif"

c- L'ennui (nous n'avons rien à désirer) est une souffrance plus insupportable que celle que nous éprouvons quand des obstacles nous empêchent de satisfaire un désir. Il révèle le non-sens de l'existence humaine (un parallèle avec Pascal).

3- Se délivrer du Vouloir-vivre qui est la source du malheur de la vie

a- La recherche du bonheur conduit au malheur tant qu'il est une course sans fin d’objets en objets. 

b- Quel intérêt pratique peut avoir une philosophie pessimiste: la prise de conscience de la source du malheur de la vie

c- La "négation du Vouloir-vivre" comme affranchissement du Vouloir-vivre et de la tyrannie des désirs

Conclusion: Le pessimisme comme remède contre l'illusion optimiste qui expose au désespoir


Bibliographie:

1- Le Monde comme Volonté et comme Représentation, d'Arthur Schopenhauer (1819)

- 4ème partie: "La Volonté s'affirme, puis se nie", et Suppléments 17 ("Sur le besoin métaphysique de l'humanité")  et 56 ("De la vanité et des souffrances de la vie")

2- Pensée 126 de Pascal (édition Le Guern en Folio)

3- Essais de théodicée de Leibniz, en G/F

3- Candide, conte philosophique de Voltaire, particulièrement les chapitres 5 et 19

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Les Rendez-vous de Philopop - Colonialisme et Terrorisme : une confrontation entre Sartre et Camus

Les situations historiques ne sont jamais identiques. Mais dans la mesure où l’enchaînement monstrueux des massacres qui ont lieu depuis cinq mois en Israël et à Gaza, nous y incite, il peut être utile de réfléchir à ce qu’ont écrit Sartre et Camus sur le colonialisme et le terrorisme et sur les raisons de leurs divergences à propos du drame algérien, à la fin des années 50.

1. Le désaccord entre Sartre et Camus sur l’avenir de l’Algérie

a. Le rejet de la colonisation française. Quelques dates à rappeler : les massacres de Sétif en mai 1945, le déclenchement de l’insurrection armée par le FLN en novembre 1954, la proclamation de l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet 1962.

b. Pour Sartre, il n’y a pas d’autre solution que l’indépendance. Il accorde son soutien public aux militants du réseau Jeanson qui collectent et transportent des fonds et des faux papiers pour aider les nationalistes algériens.

c. Camus veut croire encore à une réforme profonde du système colonial qui permette le maintien de l’Algérie française.



2. Une divergence d’analyse concernant le système colonial

a. Camus dénonce ses injustices dans ses articles sur la « Misère de la Kabylie » parus dans le journal Alger républicain en 1939, et en appelle à une réforme sociale et économique pour réaliser une « Algérie pacifique et juste ».

b. Dans l’article qu’il publie en mars 1956 dans les Temps modernes, Sartre montre que « le colonialisme est un système », qui, en raison même de sa nature systémique, ne peut pas être réformé. De l’analyse de sa « nécessité interne » il passe ensuite à l’examen des conséquences de son développement. « L’Etat français livre la terre arabe aux colons pour leur créer un pouvoir d’achat qui permette aux industriels métropolitains de leur vendre leurs produits ; les colons vendent aux marchés de la métropole les fruits de cette terre volée »



3. Une divergence d’analyse et de jugement sur la nature et le rôle de la violence

a. Sartre : la violence émancipatrice du colonisé

  • Le système colonial a besoin d’engendrer de la haine pour se maintenir : haine raciste des colons pour les colonisés (qu’ils ont besoin de déshumaniser et d’invisibiliser) et haine des colonisés pour les colons

  • La violence coloniale conduit à la révolte des colonisés. La violence revient ainsi en boomerang contre le colonisateur, le jour où la furie des colonisés ne peut plus être retenue et éclate (c’est le « temps des massacres », voir la préface de Sartre aux Damnés de la terre de Frantz Fanon, 1961)

  • La violence insurrectionnelle des colonisés est le seul moyen pour eux de sortir « des ténèbres coloniales » et de s’émanciper

b. Camus : le refus de la « casuistique du sang » (Chroniques algériennes)

  • Que la violence soit parfois nécessaire, n’implique pas qu’on puisse en justifier le principe au nom d’une justice absolue, et en faire un usage indiscriminé pour frapper des civils innocents.

  • Les analyses de Camus dans son Essai de 1951, L’Homme révolté : le « crime logique », le « principe de révolte » contre « l’esprit de révolution »

  • On ne peut condamner la torture pratiquée par l’armée française et sa répression féroce menée contre les populations civiles sans condamner en même temps les attentats terroristes du FLN. Pour Camus, c’est l’engrenage des violences qu’il faut combattre, car il ne peut mener qu’à la destruction.

Conclusion :

Réfléchir sur ces deux références en cherchant à comprendre la critique que chacune d’elles peut adresser à l’autre. Mesurer combien leur usage médiatique se révèle souvent abusif (j’en donne un exemple pour Camus)

Bibliographie :

Situations, V chez Gallimard, recueil d’articles de Sartre dans lequel on peut trouver notamment « Le colonialisme est un système » et sa préface aux Damnés de la terre de Frantz Fanon

L’homme révolté de Camus, collection Folio

Chroniques algériennes de Camus, collection Folio