Les rendez-vous de Philopop

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Les Rendez-vous de Philopop avec Didier Carsin

Ouest Track Radio

Les Rendez-vous de Philopop avec Didier Carsin

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Les Rendez-vous de PHILOPOP - Sur Jean Jacques Rousseau, entretien avec Yann Mouton

Les Rendez-vous de PHILOPOP- émission du 19 janvier 2025
                            Sur Jean Jacques Rousseau, 
                       entretien avec Yann Mouton


A propos de son livre "Jean-Jacques Rousseau, manière d'écrire et manière d'être", paru dans la collection "Au plus près" aux éditions "Les grands détroits" (2024)

Comme l'indique Yann Mouton en son introduction, il s'agit de "redécouvrir les plus moments de l'oeuvre de Rousseau, d'en interroger les passages les plus étonnants ou audacieux (...), d'en lire des extraits, dont la plupart sont connus (...) en s'efforçant de se défaire du dangereux sentiment de familiarité nourri par plus de deux siècles de référence et d'usage (...), et "d'éprouver, à l'occasion de ces lectures, la surprise ou l'inquiétude qu'inspire toute véritable rencontre"

Après une présentation générale, cet entretien visera à donner un aperçu de cette rencontre, en retenant deux extraits de l'oeuvre de Rousseau (1712-1778) parmi ceux que Yann Mouton explique et commente dans son ouvrage, afin d'en mesurer le caractère à la fois étonnant et audacieux. 

Le premier est extrait du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755); le deuxième des Rêveries du promeneur solitaire (1778). Nous les reproduisons ici: 

1- Dans cette vue, après avoir exposé à ses voisins l’horreur d’une situation qui les armait tous les uns contre les autres, qui leur rendait leurs possessions aussi onéreuses que leurs besoins, et où nul ne trouvait sa sûreté ni dans la pauvreté ni dans la richesse, il inventa aisément des raisons spécieuses pour les amener à son but.
« Unissons-nous, leur dit-il, pour garantir de l’oppression les faibles, contenir les ambitieux, et assurer à chacun la possession de ce qui lui appartient. Instituons des règlements de justice et de paix auxquels tous soient obligés de se conformer, qui ne fassent acception de personne, et qui réparent en quelque sorte les caprices de la fortune en soumettant également le puissant et le faible à des devoirs mutuels. En un mot, au lieu de tourner nos forces contre nous-mêmes, rassemblons-les en un pouvoir suprême qui nous gouverne selon de sages lois, qui protège et défende tous les membres de l’association, repousse les ennemis communs et nous maintienne dans une concorde éternelle. »

2- Le carrosse auquel appartenait le chien suivait immédiatement, et m’aurait passé sur le corps, si le cocher n’eût à l’instant retenu ses chevaux. Voilà ce que j’appris par le récit de ceux qui m’avoient relevé, et qui me soutenaient encore lorsque je revins à moi. L’état auquel je me trouvai dans cet instant est trop singulier pour n’en pas faire ici la description.
La nuit s’avançait. J’aperçus le Ciel, quelques étoiles, et un peu de verdure. Cette première sensation fut un moment délicieux. Je ne me sentais encore que par là. Je naissais dans cet instant à la vie, et il me semblait que je remplissais de ma légère existence tous les objets que j’apercevais. Tout entier au moment présent je ne me souvenais de rien ; je n’avois nulle notion distincte de mon individu, pas la moindre idée de ce qui venait de m’arriver ; je ne savais ni qui j’étais, ni où j’étais ; je ne sentais ni mal, ni crainte, ni inquiétude. Je voyais couler mon sang, comme j’aurais vu couler un ruisseau, sans songer seulement que ce sang m’appartînt en aucune sorte. Je sentais dans tout mon être un calme ravissant, auquel chaque fois que je me le rappelle je ne trouve rien de comparable dans toute l’activité des plaisirs connus.

Association Populaire de Philosophie du Havre, PHILOPOP
site de l'association: https://sites.google.com/site/philopoplh/notre-d%C3%A9marche

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Les Rendez-vous de Philopop - La Superstition

Les Rendez-vous de PHILOPOP- émission du 15-12- 2024

La superstition

C'est une croyance qui interprète des événements comme des signes exprimant une intention surnaturelle, et détermine une conduite appropriée (prières, offrandes, sacrifices, rites) pour infléchir en sa faveur les puissances surnaturelles (qu'il s'agisse d'un Dieu ou des dieux)

1- Superstition et hasard

a- Pour le superstitieux, la mort tragique d'un homme tué par une tuile qui tombe d'un toit ne résulte pas de la rencontre fortuite de séries de causes indépendantes (définition rationnelle du hasard par Cournot), mais d'une intention surnaturelle (exemple tiré de l'appendice de la 1ère partie de l'Ethique de Spinoza, 1677, et dans L'Essai sur les fondements de la connaissance et sur les caractères de la critique philosophique de Cournot, 1851)

b- b- Le hasard, notion dont la source est superstitieuse, témoigne de notre pensée primitive: "Le hasard est le mécanisme se comportant comme s'il avait une intention" (Deux sources de la morale et de la religion, H. Bergson, 1932)

2- Les causes de la superstition et l'explication de la formation des interprétations superstitieuses

a- La superstition naît de l'incertitude de l'avenir et est engendrée par la crainte (Préface du Traité théologico-politique de Spinoza, 1670). L'exemple d'Alexandre le Grand.

b- La formation imaginaire des présages et des prodiges

c- Par les prodiges, les hommes imaginent que Dieu (ou les dieux) intervient comme une volonté analogue à la leur (anthropomorphisme), en produisant des événements qui leur sont favorables ou défavorables (anthropocentrisme). D'où le problème pratique de la superstition comment faire pour gagner la faveur divine ?

3- Les conséquences intellectuelles, morales et politiques de la superstition

a- Elle entraîne une mentalité obscurantiste qui favorise l'intolérance et fait le lit du despotisme : la haine de la raison et le rejet de toute réflexion critique. Le besoin de certitude et l'intolérance

b- Sous "couleur de religion", la superstition est le moyen le plus efficace d'assurer la domination d'un gouvernement despotique, quand elle est stabilisée et canalisée par l'institution d'un culte

4- Superstition et religion

Est-elle une perversion de la croyance religieuse ou doit-on identifier toute forme de croyance religieuse à la superstition ?

- La croyance est une conviction subjective, l'assentiment à un contenu qu'elle ne peut justifier objectivement. La superstition religieuse est une croyance aux signes de ce contenu (reliques, miracles, rituels etc...) qui prétend s'ériger en savoir (elle est une illusion)

- Croire à la révélation, est-ce être superstitieux ? Religions révélées et religion naturelle.

Bibliographie:

- Appendice de la 1ère partie de l'Ethique et la Préface du Traité théologico-politique de Spinoza

- Deux sources de la morale et de la religion de Bergson (chapitre II)

- Critique de la raison pure ("De l'opinion, de la science et de la foi"), et La Religion dans les limites de la simple raison (4ème partie, 2ème section) de Kant.

- Pour lire et comprendre la Préface du Traité théologico-politique de Spinoza, cette conférence- vidéo de PHILOPOP avec son plan : https://www.youtube.com/watch?v=GhKDrRiKplk

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Les Rendez-vous de PHILOPOP - L'histoire se répète deux fois, comme tragédie et comme farce

Les Rendez-vous de PHILOPOP
"L'histoire se répète deux fois, comme tragédie et comme farce"

Cette formule est la citation simplifiée du propos par lequel K Marx commence le 1er chapitre de son ouvrage consacré au coup d'Etat perpétré par L. N. Bonaparte, le 2 décembre 1851, "Le 18 brumaire de Louis Bonaparte" (écrit en 1852). Son projet est de "démontrer comment la lutte des classes en France créa des circonstances et des conditions qui rendirent possible qu'un personnage médiocre et grotesque joue le rôle de héros" (Avant-propos). 

Il s'agit ainsi de comprendre comment L. N. Bonaparte, le futur Napoléon III, réussit son coup d'Etat en imitant celui de son oncle, Napoléon 1er, qui eut lieu le 18 brumaire an VIII (soit le 9 novembre 1799 selon le calendrier romain repris par les révolutionnaires de 1789), bénéficiant ainsi de l'image glorieuse du 1er Empire. 

1- Les exigences de la démonstration
a- "Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de leur plein gré, dans des circonstances librement choisies; celles-ci, ils les trouvent au contraire toutes faites, données, héritage du passé". Il faut cerner d'abord les circonstances et les conditions qui rendent possible le coup d'Etat pour dégager ensuite la part d'initiative qui revient aux acteurs historiques. 

b- Il est nécessaire d'articuler en conséquence le récit des événements qui vont de février 1848 à décembre 1851 (et sont en large partie le produit de décisions qui n'ont rien d'inéluctable), à l'analyse des conditions historiques qui encadrent et déterminent les choix humains.

2- Les acquis de la théorie générale de l'histoire esquissée par Marx (notamment dans le Manifeste communiste de 1848)
a- Le rôle moteur de la "lutte des classes" (concept emprunté à François Guizot, historien et homme politique libéral)

b- Il y a "crise révolutionnaire" quand le développement des "forces productives" entre en contradiction avec les "rapports sociaux de production". Voir l'exemple de la révolution de 1789 qui permet d'instaurer "la société bourgeoise moderne"

c- La théorie générale de l'histoire permet de comprendre comment les luttes politiques expriment des intérêts de classe, pourquoi elles ont pour enjeu la conquête de l'Etat comme instrument de domination, mais ne permet ni de prévoir les actions humaines, ni de rendre compte du contenu particulier que prennent les luttes politiques à tel ou tel moment. Le récit est ici indispensable.

3- Le récit des événements de février 1848 à décembre 1851
a- Les journées de février 1848, l'alliance initiale du prolétariat avec la bourgeoisie, la formation d'un gouvernement provisoire et la création des "Ateliers nationaux"

b- L'élection de l'Assemblée constituante au suffrage universel (avril), la proclamation de la République (mai), la dissolution des Ateliers nationaux, l'insurrection ouvrière de juin 1848 et sa répression sanglante menée par le général républicain Cavaignac

c- L'élection de L. N. Bonaparte au suffrage universel comme Président de la République (10 décembre 1848), l'a séparation de l'Assemblée constituante, l'élection de l'Assemblée nationale législative (1849)

d- La dictature du "parti de l'ordre" sous couvert de représentation parlementaire. La lutte pour la conquête de l'appareil de l'Etat entre Bonaparte et le parti de l'ordre, le coup d'Etat du 2 décembre 1851 (ratifié par un plébiscite le 20 décembre)

4- Une analyse du conditionnement idéologique hérité du passé
a- L'analyse matérialiste de Marx: "Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience". L'exemple des illusions idéologiques des monarchistes coalisés dans le "parti de l'ordre"

b- L'influence des représentations idéologiques du passé. Quelle différence dans la répétition du passé entre les révolutionnaires de 1789 et ceux de 1848?

c- Pourquoi la farce du coup d'Etat de L.N. Bonaparte a-t-elle réussi? (la nostalgie de l'Empire dans la paysannerie)

Bibliographie: Le 18 brumaire de Louis Bonaparte de K. Marx en G/F

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Les Rendez-vous de Philopop - Présentation de la saison 2024-2025

Présentation des activités de PHILOPOP (association populaire de philosophie du Havre) et du programme de la saison 2024-2025

1-PHILOPOP, une association ouverte à tous 


Quelques précisionsd'ordre pratique :

voir sur le site de PHILOPOP (
https://sites.google.com/site/philopoplh/) le barème des cotisations, le calendrier adopté, le rythme des séances (en moyenne 2 fois par mois un mardi ou un jeudi de septembre à juin hors vacances scolaire), le lieu et l'horaire (au Lycée Claude Monet du Havre, salle audio, de 20H30 à 22H30)

Les questions philosophiques: des questions que tout homme peut être amené à se poser au cours de son existence (exemple de la vérité)


L'ambition de PHILOPOP : permettre à tous ceux qui le souhaitent d'accéder à un questionnement philosophique en offrant les conditions d'un travail suivi 


2-Les séances au lycée Claude Monet: la formule d'un cours progressif (suivi d'une discussion)


Il ne consiste pas dans un exposé de connaissances et ne présente pas la pensée des philosophes comme une opinion savante


Il montre comment l'examen d'une notion (la justice, la vérité, le peuple, le temps...) conduit à formuler un ou des problèmes qui s'imposent nécessairement. La lecture des philosophes n'a pas d'autre intérêt que d'éclairer la réflexion, et de l'aider à aborder ces problèmes.


3-Le programme de la saison 2024-2025


Les séances sont accompagnées d'un plan et enregistrées.
L'enregistrement est accessible aux adhérents


Le thème :La Liberté.


L'oeuvre :L' Esprit des LoisdeMontesquieu (1748), collection Folio ou G/F


Les 5 premières séancesMardi 24 septembre, Jeudi 3 octobre, Mardi 15 octobre, Jeudi 7 novembre, Mardi 19 novembre (voir le calendrier sur le site de PHILOPOP)


4
-L'émission mensuelle des Rendez vous de PHILOPOP sur Ouest track radio (podcastée et accompagnée d'un plan)


Montrer comment la lecture d'une oeuvre philosophique permet d'éclairer une question d'actualité et d'y réfléchir

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Les Rendez-vous de Philopop - Le Temps

Les Rendez-vous de PHILOPOP, émission du 16 juin 2024

Le Temps

Que le temps passe, c'est là un fait aussi évident que mystérieux qui est l'objet de la réflexion du philosophe H. Bergson (1859- 1941) tout au long de son oeuvre. En quoi consiste ce passage? Pour le comprendre, nous lirons surtout le 2ème chapitre de son 1er grand ouvrage, Les données immédiates de la conscience (1889).

Mais pour être en mesure de le saisir,  il faut d'abord se libérer de la représentation spatialisante que nous en procure notre intelligence, et comprendre pourquoi elle a besoin de nier sa réalité pour connaitre et expliquer les choses. 

1- La critique de la spatialisation du temps

a- La transformation du temps réel (la durée) en espace

b- L'intelligence a besoin d'immobilité

2- Comment accéder au temps réel (la durée)?

a- Il y a deux conceptions possibles de la durée: l'une "pure de tout mélange", l'autre "où intervient subrepticement l'idée d'espace"

b- L'exemple des sons successifs d'une cloche: "ou bien je me propose explicitement de les compter" (compter, c'est dissocier et spatialiser), ou bien, "je me borne à recueillir l'impression pour ainsi dire qualitative que leur nombre fait sur moi"

3- Les caractères de la durée pure

a- Elle est "la forme que prend la succession de nos états de conscience quand notre moi se laisse vivre et s'abstient d'établir une séparation entre l'état présent et les états antérieurs"

b- L'activité de la mémoire constitue la durée en fondant les états de conscience les uns dans les autres et en les organisant en un tout indivisible (voir l'exemple d'une mélodie)

c- La durée est une activité de synthèse par laquelle le passé est perpétuellement conservé et intégré dans le présent. Il n'y a pas de temps universel qui soit le même tous et qui constitue le cadre des expériences, si ce n'est par convention, pour les commodités de la vie sociale, mais il y a une pluralité de durées individuelles dont le rythme peut varier.

4- Qu'en est-il de notre identité personnelle (de notre "moi")? 

a- La durée constitue notre moi; “le temps est l'étoffe de notre être” (Evolution créatrice, chapitre 1)

- Si notre passé se conserve tout entier en nous, la mémoire ne peut pas être une faculté qui conserve et classe des souvenirs

- C'est la continuité de la durée qui permet de comprendre que nous soyons libres et puissions faire surgir de la nouveauté imprévisible (l'idée d'une "création de soi")

5- Le temps n'existe-t-il que pour les êtres conscients? 

- De l'expérience de la durée intérieure à l'affirmation de "l'élan vital" (Evolution créatrice, 1907)

- L'"intuition de la durée" 


Bibliographie:

Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), chapitre 2.

Evolution créatrice (1907), chapitre 1

La Pensée et le Mouvant (1934)